Le panafricanisme, le panarabisme et les nationalismes panslave et turanien : des « pans » progressistes ou réactionnaires ?

*Voir aussi : « Pourquoi dites-vous encore que certaines nationalismes sont progressistes ? »

par le Ministre international, septembre 2003

Le mesure d'une idéologie ethnique, c'est si elle dirige son feu sur l'imperialisme comme l'ennemi. Si le « pan » sert à battre l'impérialisme, il est progressiste. Si le « pan » sert à battre les nations non-imperialistes, il est réactionnaire et doit être rejeté.

De toutes les idéologies panethniques, le panafricanisme est la plus progressiste. Il n'existe que dès l'ère moderne après la formation de l'impérialisme comme le stade décadent et final du capitalisme. Il est une idéologie contemporaine établie par des gens comme W.E.B. DuBois et Kwame Nkrumah qui a encore des tâches pertinentes à traiter.

Dès le début, le panafricanisme a visé l'impérialisme français et anglais pour avoir créé frontières et gouvernements arbitraires en Afrique pour diviser le peuple africain et faciliter l'exploitation. Aujourd'hui les agences militaires et les agences de renseignements des État$-Uni$, l'Angleterre et la France sont encore les manipulateurs principaux de la politique africaine, et pas toujours en coulisse, comme illustrent de temps à autre les débarquements de troupes. La Banque mondiale et le FMI exercent aussi leur fort contrôle dans l'intérêt de l'impérialisme.

Si l'idéologie panafricaine avait triomphé les machinations impérialistes en Afrique, le génocide au Ruanda aux années 1990 n'aurait pas été possible. Aucun des camps du conflit au Ruanda n'était impérialiste. C'était un cas d'un peuple exploité et opprimé massacrant un autre peuple exploité et opprimé. Néanmoins les impérialistes sans cœur travaillent fébrilement pour vaincre les panafricanistes et les communistes qui essaient de faire avancer l'Afrique.

Le panarabisme pourrait être une idéologie progressiste si correctement formulé, quoiqu'il soit à présent plus ambigu que le panafricanisme. Un panarabisme qui dirige son feu sur l'impérialisme i$raélien et état$unien est progressiste. Un panarabisme qui attaque les exploités et opprimés de l'Afrique, l'Iran ou la Turquie est réactionnaire.

Le panslavisme est une idée âgée de centaines d'années qui n'a pas reussi à moderniser l'Europe de l'Est à l'époque contemporaine. Il était un allié temporaire et seulement tactique du prolétariat international pendant la Seconde Guerre mondiale, quand la vie du camp socialiste dirigé par Staline ne tenait qu'à un fil. Après la guerre, l'idée panslave a laissé des problèmes pour la Yougoslavie et l'Albanie, mais aussi pour la région en général. Aucun peuple n'a plus d'intérêt particulier à une Europe de l'Est soviétisée que l'Albanie, avec son économie arriérée et des blancs pauvres et exploités.

Le nationalisme turanien, aussi vu comme une idéologie panturque, est parfois fortement réactionnaire comme idée « pan ». Il a servi de justification de guerre et génocide contre les Grecs et les Arméniens. Aujourd'hui ses partisans comprennent le Parti naziste du Japon.

Bien sûr, notre analyse tient à l'exactitude de notre position sur l'impérialisme. Pour trop de gens trompés par des idéologies nationalistes réactionnaires, « l'impérialisme » est le voisin. La vérité établie par Lénine est qu'il n'y a pas d'impérialistes en Afrique ou Amérique latine. Le seul impérialiste en Asie est le Japon et peut-être la Chine montante, selon notre vue d'elle comme pays capitaliste dépendant ou comme un socio-impérialiste en soi.

Du point de vue dialectique, il est possible d'avancer en surpassant des adversaires plus avancés. Les luttes jointes du monde contre la guerre état$unienne en Iraq sont un exemple, un soupçon du type de lutte qui pourrait aboutir à des systèmes sociaux plus avancés partout dans le monde. Trop de pays luttent pour un peu de territoire dans des luttes qui ne peuvent qu'appauvrir les deux camps. La soif des exploités et opprimés pour le changement et l'amélioration est le carburant pour la prochaine fusée qui emmenera la population mondiale au-delà de l'impérialisme état$unien et à un nouveau monde.

Ce n'est que la lutte contre l'impérialisme, comme défini par Lénine, qui peut vraiment aboutir à la paix mondiale. Des guerres davantage ne peuvent pas apporter des vrais profits au prolétariat international, seulement plus ou moins de défunts exploités et opprimés. Le pillage par les impérialistes est beaucoup plus sévère que celui fait par les voisins de n'importe quelle nation opprimée.

Des décennies de révisionnisme promulgué surtout par les soi-disants communistes des pays impérialistes a laissé le prolétariat international et ses alliés ignorants des faits économiques fondamentaux de la vie. Tandis que l'ouvrier de salaire minimum est parmi le plus riche 10,1 % du monde et l'ouvrier de salaire minimum en France, en Allemagne, en Belgique, aux Pays-Bas et au Luxembourg est encore plus haut, le révisionnisme n'a pas réussi à altérer l'idée trotskyiste vieillie de développement égal, où chaque pays a son prolétariat exploité. Le révisionnisme à tout pays a caché la plus-valeur extraite par les pays impérialistes et s'est fait concorder avec le chauvinisme national qui dit que les voisins soient la raison du retard économique. Qui qui réfléchit à la position des ouvriers de salaire minimum aux pays impérialistes (et il y en a en général dans les familles qui gagnent encore plus) verra que l'extrait de richesse d'autres pays par les impérialistes distinguent ceux-ci et crée le développement inégal.

Quand le système d'esclavage était plus dominant, le propriétaire d'esclaves ne voulait pas renoncer ; mais en fait, sans la défaite des propriétaires d'esclaves par ceux qui étaient avides d'un changement, les avances suivants du capitalisme auraient été impossibles. Quelques générations plus tard, nous voyons que même les descendants des propriétaires d'esclaves ont profité de la fin de l'esclavage, quoique seulement la violence ait pu rendre possible ce changement. Là, c'est la nature du changement dialectique.

N'importe quelle idéologie, ethnique ou non, qui sert à tirer toute énergie et attention aux affaires de culture et de relations personnelles est réactionnaire. Le panafricanisme sérieux travaille d'abord et surtout pour l'unité politique et économique contre les exploiteurs impérialistes et leur petite poignée de lacquais en Afrique qui constituent cinq pour cent ou moins de la population. Une idéologie pareille vouée au progrès doit surtout diriger le feu là où il faut -- sur les impérialistes.