Amérikains : Où la démocratie ?
Bush fait volte-face, renverse le gouvernement élu haïtien
*Voir aussi, « Pourquoi
vous opposez-vous à la démocratie ? »
Haïti est autre exemple parfait du mensonge de toute « politique
extérieure » amérikaine,
qui est en fait un système, pas une politique.
En avril 2001 le président Bush a dit « libre » et
« démocratique »
tout l'hémisphère Ouest sauf Cuba.
Prouvant que la « liberté » et la « démocratie »
ne sont que du camouflage, Bush a renversé le gouvernement haïtien
démocratiquement élu
de Jean-Bertrand Aristide le 29 février.
Les faits clés ne sont pas contestés par le gouvernement étatsunien.
Jusqu'au 6 janvier 2004, le gouvernement étatsunien ne contestait
pas le fait que l'Haïti avait un gouvernement démocratiquement élu.
Voici ce qui dit un communiqué revenant à une assemblée cruciale de la ZLEA
(Zone de libre-échange des Amériques) :
« En avril 2001 les leaders démocratiquement élus de l'Hémisphère
se rassemblèrent à Québec
pour le Troisième Sommet des Amériques.
À cette assemblée, les leaders s'engagèrent, eux et leurs pays,
à mener un programme pour tous les peuples des Amériques. » (1)
Bush a dit que la seule exception dans l'hémisphère Ouest fut Cuba.
Ainsi Bush lui-même considérait qu'Haïti avait un gouvernement
démocratiquement élu
et son paravent pour renverser Aristide était la démission d'Aristide.
Le Département d'État l'a dit comme suit :
« :À la demande du président Aristide,
les États-Unis facilitèrent son départ en sécurité d'Haïti. » (2)
Mais Aristide l'a traité d'un enlèvement :
« Maxine Waters, députée démocrate de Los Angeles,
dit que M. Aristide "m'a dit qu'il avait été enlevé dans un coup
d'État" ». (3)
L'indice est l'opinion du Département d'État que le départ d'Aristide
« résoud l'impasse politique à l'origine de l'agitation violente en
Haïti
pendant les dernières semaines. » (2)
Ce n'est que le programme état$unien clair et net.
Bien que Bush prétend trompeusement n'avoir joué aucun rôle dans la violence
en 2004
qui a renversé Aristide,
les faits restants suffisent à prouver que la « démocratie »
n'a pas guidé la « politique extérieure » état$unienne.
Les État$-Uni$ ne cachent pas leur rôle dans la sélection du prochain
premier ministre
et du nouveau président.
Le fait que les État$-Uni$ ont aussi soutenu le remplacement du premier
ministre d'Haïti,
Yvon Neptune, prouve l'affirmation d'Aristide qu'il n'a pas démissionné et
que les État$-Uni$
l'ont poussé dehors. (4)
La CIA a dit que Neptune était encore au pouvoir le 4 mars
mais a essayé de mettre en doute tous ses ministères,
tout en soutenant le nouveau président intérimaire. (5)
Quelques jours plus tard, Gérard Latortue est arrivé de Boca Raton, Floride,
en tant que premier ministre. (6)
Il avait quitté Haïti en 1988,
grâce à la pression d'un autre régime soutenu par les État$-Uni$.
Des documents du gouvernement état$unien et des interviews avec la BBC
montrent que Latortue était choisi par les État$-Uni$, ne pas dans des
élections en Haïti.
Au cas où le peuple haïtien ne pige pas, les État$-Uni$ y ont déployé 1600
militaires.
Voici un extrait des documents gouvernementaux officiels :
« Un comité consultatif soutenu par les É-U a choisi un nouveau premier
ministre pour Haïti.
Dans son rapport, Jim Teeple du VOA [Voix de l'Amérique --éd. du MIM] dit
que cette action accompagne
l'affirmation des troupes multinationales qu'il commenceront bientôt des
opérations de désarmement en Haïti. »
« Gérard Latortue, ancien réfugié politique et ministre à l'étranger en
Haïti
est le nouveau premier ministre de son pays.
M. Latortue fut choisi après cinq jours de délibération par le nommé
conseil d'individuels sages, un comité choisi pour choisir un nouveau
premier ministre
après le départ du président Jean-Bertrand Aristide. » (7)
Les seules indications des hauts fonctionnaires état$uniens de leurs vraies
motivations
citent l'idée d'avoir droit à agir à cause de l'aide état$unienne à Haïti,
y inclus l'aide des troupes état$uniennes.
Ces critiques d'Haïti ne montrent que la basse priorité accordée aux
élections par l'oncle $am.
À son avis, à peu près n'importe quoi justifie leur renversement, malgré sa
rhétorique au contraire.
Dans une autre manifestation de scissions dans l'unité bipartite habituelle
de la classe dirigeante,
le sénateur Kerry, candidat présumé du Parti démocrate
à l'élection présidentielle de novembre 2004,
a dit que les État$-Uni$ ont dû déployé des militaires pour soutenir
Aristide.
Bien sûr, aux assemblées des leaders de l'Amérique Latine et des Caraïbes en
particulier,
les impérialistes et les leaders des Caraïbes se sont mis d'accord pour
soutenir
mutuellement leurs « démocraties » en cas d'instabilité.
Le secrétaire Colin Powell a répondu ainsi :
« "Nous trouvions ses résultats si mauvais et si inadéquats
qu'il aurait été impossible de trouver une solution politique
entre les deux côtés sous les circonstances actuelles", a ajouté
Powell. »
« "Ainsi nous n'étions pas prêts, ni l'étaient le Canada, la France ou
n'importe quel autre pays,
à déployer des forces militaires, comme l'a suggéré (l'aspirant présidentiel
démocrate)
le sénateur (John) Kerry, pour soutenir un leader sérieusement voué à
l'échec." » (8)
Voyons donc : Powell dit que les élections sont valides,
sauf, bien sûr, si le leader élu éprouve des difficultés.
À propos, c'était la France qui a arrangé le pays auquel Aristide serait
enlevé.
La France a aussi déployé des militaires.
Les Haïtiens connaissent bien la langue française.
Le MIM n'aime pas Aristide. Toutefois, nous sommes fort sensibles aux
milliers de manifestants
qui veulent le retour de leur président.
Ces manifestants protestent contre les troupes état$uniennes et par la suite
ils sont tués.
« Il faut qu'Aristide revienne ; nous ne voulons pas que Bush soit
président »,
ont dit certains panneaux. (9)
Voilà la façon dure d'apprendre que la démocratie à l'impérialiste est
bidon.
Il y a déjà deux morts directement dues aux « soldats de la paix »
de France et des État$-Uni$. (10)
Nous rions aussi du Kanada pour avoir arrêté le chef de sécurité d'Aristide,
Oriel Jean. Les Kanadiens en font une enquête pour des « crimes de
guerre », (11)
tout en laissant passer les crimes des Amérikkkains en Iraq etc.
C'est une mauvaise blague.
Le Kanada déploie aussi 450 militaires en Haïti. (12)
Nous soutenons l'avocat d'Aristide, qui dit que les hauts fonctionnaires du
gouvernement état$unien
devraient être arrêtés.
Ça veut dire Bush et Powell.
Les Kanadiens et les Français devraient également être arrêtés.
Autres hypocrisies notables : l'administration Bush s'oppose au
contrôle des armes,
mais leur premier effort en Haïti est le désarmement de tous.
La National Rifle Association (NRA) [Association Nationale d'armes à
feu --NDT]
devrait en râler.
Si les État$-Uni$ soutiennent la « démocratie » en Haïti,
il n'y a pas de quoi faire du « contrôle des armes » radical en
Haïti.
À présent, le MIM ne soutient pas la « démocratie » au sens de
l'autorité de la majorité.
Il y a des meilleures façons de canaliser les avis populaires que par
appuyer sur un bouton
dans un isoloir de vote tous les deux ou trois ans,
et nous ne croyons pas que la majorité aux État$-Uni$ devrait avoir le
« droit »
de décider si les gays peuvent se marier ou si les Irakiens peuvent importer
des appareils médicaux
de l'extérieur. Cela étant, bien que nous ne soutenions pas la
« démocratie »
au sens utilisé par les État$-Uni$, nous expliquons les faits d'Haïti pour
révéler l'hypocrisie
des leaders état$uniens qui prétendent soutenir les élections.
Le système politique de voter duquel Bush fait l'éloge sans cesse a des
avantages,
en particulier vis-à-vis de nos idées communistes.
Mais ces avantages n'existent que sur le papier
parce qu'en réalité les impérialistes ne respectent même pas leurs propres
élections bourgeoises,
comme en Haïti.
Il y a aussi une leçon politique importante à tirer de cette affaire
et, une fois que nous l'avons apprise, nous avançons beaucoup sur la route
communiste :
la démocratie n'est pas possible sous le capitalisme.
Le capitalisme mène à un stade de capitalisme monopoliste
où les intérêts commerciaux poussent les leaders vers un point de vue global
de contrôle.
Quand existait l'Union soviétique, le gouvernement étatsunien justifiait ses
actions de renverser
des gouvernements démocratiquement élus en indiquant la concurrence avec
l'Union soviétique.
Cela ne traitait pas la question de pourquoi les État$-Uni$ faisaient la
même chose
avant la fondation de l'Union soviétique en 1917.
Maintenant que l'Union soviétique n'existe plus, nous voyons que les
motivations des État$-Uni$
à renverser des gouvernements élus ne sont pas ce que prétendent les
État$-Uni$.
Même le fait d'être un larbin démocratiquement élu des État$-Uni$ ne crée
pas de la stabilité
ni protège-t-il le peuple.
Nous sommes en désaccord avec Aristide parce qu'il croyait possible la
coexistence
avec l'impérialisme état$unien.
Maintenant même les Kanadiens avouent qu'en Haïti
« les morgues sont pleines et les bureaux gouvernementaux sont fermés,
les cadavres s'entassent dans les rues ». (12)
L'impérialisme état$unien ne respecte que ses propres intérêts égoïstes et
militaristes.
Si les Haïtiens veulent contrôler leur propre destin,
ils n'ont d'autre choix que de s'unir au prolétariat international pour
vaincre l'impérialisme
état$unien.
Notes :
1. http://www.state.gov/p/wha/rls/rm/27975.htm
2. http://www.state.gov/r/pa/prs/ps/2004/29990.htm
3. http://www.globeandmail.com/servlet/story/RTGAM.20
040302.wxhaitibush0302/BNStory/Front/
4. http://news.bbc.co.uk/1/hi/world/americas/3545229.stm
5. http://news.bbc.co.uk/1/hi/world/americas/3545229.stm
6. http://www.miami.com/mld/miamiherald/news/world/haiti/8156653.htm
7. http://ibb7.ibb.gov/newswire/27e8094d.html
8. http://www.news24.com/News24/World/News/0,,2-10-1462_1495741,00.html
9. http://www.canoe.ca/NewsStand/TorontoSun/News/2004/03/12/379177.html
10. http://www.miami.com/mld/miamiherald/news/world/americas/8148729.htm
11. http://www.canoe.ca/NewsStand/CalgarySun/News/2004/03/12/379266.html
12. "US in Haiti gun hunt,"
http://www.canoe.ca/NewsStand/TorontoSun/News/2004/03/12/379179.html
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