Voir aussi, qu'est-ce que le « sectarisme » ?
[En un mot, l'histoire a prouvé que les grandes coalitions n'accomplissent rien si elles sont dirigées par des chefs ou des idéologies contradictoires. Des grands fronts communs dirigés par des partis marxistes-léninistes avec une orientation scientifique ont une histoire d'accomplir beaucoup pendant ce siècle. Un grand nombre de membres serait peut-être rassurant mais il ne sert jamais en soi pour rien accomplir.]
Pourquoi l'attitude du MIM envers les groupes de « gauche »
par le Mouvement Internationaliste Maoïste
Hank Roth a remarqué dernièrement que le MIM insiste erronément qu'il n'y a qu'une seule route qui mène au socialisme et donc qu'il ne « travaille » pas avec autres « gauchistes ». En effet, la pléthore d'organisations « socialistes » peut intimider ceux qui n'ont pas d'expérience. Pourquoi sont ces organisations si nombreuses ? « Pourquoi ne travaillent-elles pas ensemble ? » demandent beaucoup de personnes.
Comme le MIM a dit dans des articles antérieurs, le MIM travaille en fait avec des autres personnes qui ne sont pas maoïstes. En fait, la plupart des personnes avec lesquelles le MIM travaille ne sont pas maoïstes. De surcroît, le MIM a aussi une histoire de travailler avec des organisations qui, à notre avis, ont révisé erronément le marxisme. Cependant, malgré ces avertissements, il est vrai que le MIM essaye de trouver la meilleur route vers le socialisme, ce que disent nos critiques souvent quand ils simplifient les choses.
Le problème fondamental que le MIM trouve chez la plupart des organisations « gauchistes » est très simple : leurs idéologies et stratégies n'ont rien servi à abolir l'oppression de classes, de nation ou de sexe.
Nous voudrions penser plus de bien des nombreux gens qui s'appellent « gauchistes », « trotskistes », « deleonistes » et cætera, mais hélas, il n'est pas possible. Bien sûr, beaucoup de nous étions nous-mêmes trotskistes, anarchistes et ainsi de suite, mais il y a une différence entre un fou inexpérimenté et un fou délibéré. Nous sommes tous des fous, mais certains entre nous apprenons les leçons de l'histoire, et récente et plus lointaine.
Il s'arrive dans l'histoire que « l'unité » et « travailler ensemble » dans des coalitions « gauchistes » bien floues NE MARCHENT PAS. Diviser des collections floues d'opportunistes pour obtenir la clarté théorique RÉUSSIT à promouvoir la révolution et l'abolition de l'oppression. Malheureusement--pour l'estime à laquelle nous tenons la plupart des « gauchistes » amérikains--c'est si simple. Nous invitons à nos lecteurs d'étudier cela soigneusement avec nous.
Lénine a divisé le mouvement « socialiste » international, et c'était une bien bonne chose, car la plupart des autres fous (alias gauchistes) de son jour soutenaient la Guerre mondiale. Ce n'étaient pas les menchéviks flous qui ont sorti les Russes de la Première Guerre mondiale. C'étaient les socialistes flous qui ont soutenu en majorité la guerre impérialiste à la côté de leurs gouvernements partout en Europe. Ils n'ont pas mis fin à la Première Guerre mondiale. Voilà le premier grand échec de l'opportunisme pendant ce siècle.
Aujourd'hui c'est la même chanson sur la question de la classe ouvrière blanche. La grande plupart des « socialistes » utilisent une stratégie qui a fait ses preuves--en Afrique du Sud : Ils SE SONT SERVIS des ouvriers Noirs opprimés pour faire avancer les demandes des ouvriers blancs. Le MIM ne peut pas travailler avec des gens pour renforcer le système international d'apartheid qui s'appelle l'impérialisme état$unien. Tout comme dans la Première Guerre mondiale, une majorité de « gauchistes » croient qu'ils fassent du bien, mais en réalité ils sont fous, ou inexpérimentés ou délibérés.
Pour chaque 1000 tentatives à l'unité opportuniste de « socialistes » qui se sont soldées par un échec ou qui finissent à soutenir le fascisme (comme le fait la Gauche unie au Pérou aujourd'hui), il y a un cas d'une organisation disciplinée et guidée par la science qui est à l'avant-garde du progrès.
Ce ne sont pas les trotskistes qui ont dirigé une révolution n'importe où depuis 1925. Ni dans aucun pays. Voilà le deuxième grand échec de l'opportunisme qui firerait de quartier au trotskisme.
Entre-temps c'étaient les partis révolutionnaires d'avant-garde dans les traditions de Staline et Mao (pas seulement Marx et Lénine) qui ont mené à bien des révolutions à maintes reprises pendant ce siècle : l'URSS, la Chine, l'Albanie, la Corée du Nord, Viêt-nam et cætera. C'étaient aussi les Panthères noires, la Nouvelle Armée populaire aux Philippines et cætera qui ont commencé dans la tradition de Staline et Mao (oh là là !). Nous pourrions en parler davantage. Les communistes sérieux qui COMPARENT le succès des mouvements dans les plusieurs traditions arriveront sans doute à la conclusion du MIM.
Il est très difficile pour nous qui suivons les traditions de Marx, Lénine, Staline et Mao de prendre au sérieux le trotskisme, le deleonisme et cætera, sauf dans les cas des gens politiquement inexpérimentés. Si notre profession était de publier de la poésie ou des journaux académiques, nous adopterions certainement l'approche de « coalition » et de l'unité de « gauchistes » car il y a sans doute nombreux, nombreux « gauchistes » qui peuvent bien perdre du temps en parlant de certains aspects de la révolution.
Néanmoins, dans la réalité, nous chez MIM avons le devoir d'indiquer la différence entre la poésie et l'action. Ceux qui étudient soigneusement trouveront que les peu nombreux succès de ce siècle étaient tous dans les traditions de Staline et Mao.
Nous chez MIM croyons que les gens voués à mettre fin à l'oppression chercheront sérieusement dans l'histoire pour savoir ce qui marche et ce qui ne marche pas. Nous ne pouvons pas prendre au sérieux ceux qui ne peuvent pas faire cela par un certain moment.
Ce qui suit est la critique par le MIM d'un article qui était une piètre tentative par Jim O'Brien à critiquer « le léninisme américain aux années 1970 ». Cet article a conclu que construire des partis et accomplir l'unité théorique n'était qu'une perte de temps, en principe parce qu'aucun des partis maoïstes ou d'autres partis ne dépassait la taille de l'ancien Parti communiste.
Beaucoup de gauchistes ont une obsession démesurée avec la taille du parti. Toutefois, comme l'a découvert la Gauche unie au Pérou, l'aval d'un grand nombre d'intellectuels papotants et même d'une partie de l'électorat n'assure pas une ligne politique avec un semblant de bon sens à long terme. La Gauche unie s'est écroulée comme innombrables groupes opportunistes qui tout simplement ne pouvait pas se concentrer sur la réalité et une analyse scientifique d'elle.
En fin de compte, les masses russes ont apporté leur soutien à Lénine, bien que nombreux lui croyait « dingue » quelques mois avant. Cela montre que la vérité est souvent peu populaire, surtout aux pays impérialistes et semi-impérialistes.
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7 août, 1990
par MC5
Une photocopie de l'article d'O'Brien est disponible pour 3 $ en
liquide. MIM, PO Box 3576, Ann Arbor, MI 48106-3576 É-U
Le premier point à noter, c'est que cet essai est déjà devenu historique car le « léninisme américain » est maintenant à l'ère de Gorbatchev. Les partis alliés à Moscou dans le monde renoncent leur insistance sur l'appui de « Que faut-il faire ? » de Lénine. Par exemple, le Parti communiste britannique a vraiment abandonné tout semblant du communisme ; d'autres partis se sont dissous complètement.
Néanmoins, l'essai a de valeur car il faut comprendre cette histoire pour bien comprendre l'origine des choses aux États-Unis. Mes dernières diatribes contre le revisionnisme aux États-Unis et son étouffement de l'internationalisme sont liées au passé dont je parle maintenant. (Voir MIM Notes 42.)
Mais nous pouvons attendre à ce que le PC [NDT : le Parti communiste des États-Unis] se dissolve bientôt. Certainement il ne peut pas éviter une période de confusion encore plus sévère et changements qui révèleront beaucoup à ceux qui suivent les choses à long terme.
En tout cas, quant à l'article d'O'Brien : le but principal d'O'Brien est de pisser sur l'idée de construire un vrai parti communiste à ce pays.
La chose principale que l'auteur essaie de prouver, c'est que les partis qui se sont développés du SDS [NDT : Students for a Democratic Society, « Étudiants pour une société démocratique », une ancienne organisation de jeunes gauchistes aux État$-Uni$] aux années 1960 n'ont pas la taille ou les autres types de succès visibles du Parti communiste, ce qu'il n'imaginait pas avoir les problèmes qu'il a aujourd'hui. Par conséquent, si l'on voit « objectivement » ses efforts, selon O'Brien, on devrait abandonner la révolution. Rien ne surpasse même le PC.
À l'idéologie d'O'Brien nous accorderons les étiquettes « taillisme » et « pragmatisme ». En fait, il est un jeu odieux de comparaisons au niveau de l'organisation.
En tout cas, O'Brien analyse l'histoire des scissions depuis le SDS. Voilà la seule raison de lire son article. Il s'agit de la bonne éducation sectaire.
Mais rien dans cette histoire ne peut prouver vraiment le point d'O'Brien. Sur un plus haut niveau historique comparatif, l'argument d'O'Brien tombe dans l'eau. Il est fort intéressant qu'O'Brien remarque cela sans le traiter. « En deuxième lieu, l'existence de plus d'une douzaine de pays gouvernés par des partis léninistes a offert une chance de réussite vraisemblable. » (p. 10)
Aux États-Unis, il a aussi dû commencer avec le PC aux années 1930. Il aurait remarqué tout ce qu'il a gagné par son pouvoir.
Il a dû remarquer que les Panthères noires d'inspiration maoïste (avant qu'elles n'étaient brisées et ne sont dépravées) ont organisé plus de Noirs pour le changement révolutionnaire que tout autre groupe dans l'histoire depuis la Seconde Guerre mondiale. Mais son essai passe sur cela en se concentrant sur autres groupes. Évidemment O'Brien ne prend pas les Panthères au sérieux, bien qu'il prenne bien au sérieux des groupes semi-trotskistes tels que Workers Power [NDT : Pouvoir ouvrier] ou le Socialist Worker Party [NDT : Parti ouvrier socialiste] qui a dernièrement abandonné son léninisme. (Dernièrement le journal du SWP semble se mettre à marmonner sur Marx et Lénine--note du rédacteur.)
Il est clair que ceux qui prennent le trotskisme plus au sérieux que les Panthères noires n'ont pas réfléchi beaucoup de l'histoire. Même selon le critère numérique d'O'Brien, les trotskistes ont échoué, voire dans ce pays de la classe ouvrière blanche achetée qui « est parmi les plus avancées du monde », selon la ligne trotskiste classique d'« industrialisé est mieux » du Spartacist League [NDT : un parti trotskiste aux État$-Uni$].
Autre point : l'article n'apporte pas une analyse de buts et ne fait que parler vaguement de la « gauche », comme la plupart des « gauchistes » sont susceptibles de faire. Donc pour « O'Brien », l'organisation d'ouvriers blancs est un succès et selon ce critère-ci il conclut bien sûr que les révolutionnaires ont échoué.
Pour finir, c'est ce type de critère non spécifié pour l'évaluation du mouvement qui amène O'Brien à conclure que l'organisation de partis est en soi une perte de temps. « Au mieux, les membres de presque tous les groupes léninistes consacrent énormément du temps à des activités dont l'objet principal est d'élargir l'organisation elle-même au lieu de promouvoir plus directement l'activité de la classe ouvrière. » (p. 33) Cela implique qu'O'Brien pense que les gens devraient faire dissoudre leurs partis et devenir tout simplement des membres de la classe ouvrière, ce qu'il implique aussi en disant que les étudiants léninistes qui faisaient du travail de col bleu font maintenant le meilleur travail politique. (p. 32)
Aux dernières pages de l'article, O'Brien insiste sur la question de taille et conclut que le plan de construire un vrai parti communiste a échoué. Puis il ajoute que le SWP s'est dépravé au réformisme (ce que n'étonne pas ceux qui n'ont jamais pris au sérieux les trotskistes). Pour le reste, il attaque chaque groupe avec une anecdote propre à soi et il croit que cela est une évaluation sérieuse de leur adhérence révolutionnaire. Et bien que le MIM ne soit pas d'accord avec les groupes que cite O'Brien, le MIM n'utiliserait pas cette méthode empiriste pour les attaquer.
Donc quand O'Brien essaie de diriger les gens, il finit par les diriger vers l'anarchisme, le taillisme et le pragmatisme. Il n'examine pas ses propres critères d'une perspective historique comparative pour voir s'ils signifient rien.
Mais le MIM l'a déjà fait. La taille d'une organisation ne dit rien de son effet historique éventuel, comme l'ont déjà prouvé le Parti bolchévique et le Parti communiste de la Chine en comparaison avec des organisations plus grandes--des assemblées floues qui n'ont pas d'analyse scientifique de classe.
Et, qu'on veuille ou non, l'organisation est essentielle pour accomplir des choses. Il n'est pas par hasard que le Parti communiste des années 1930 a accompli la construction du CIO [NDT : Congress of Industrial Organizations, « Congrès d'organisations industrielles », une organisation de syndicats aux État$-Uni$] et l'accord pour les ouvriers. Par contre, bien que les organisations disciplinées aient pris le pouvoir à maintes reprises dans le monde, les assemblées floues et les organisateurs individualistes dans le monde ont échoué à maintes reprises à réaliser des changements sociaux.
Le meilleur cas au contraire est la FSLN du Nicaragua, qui est assez floue mais pas entièrement dépourvue d'organisation ou d'une ligne. Dans une grande mesure, la FSLN a dirigé une partie d'une révolution bourgeoise, et ce que nous avons dit ci-dessus ne s'applique pas aux révolutions bourgeoises. Mais même dans la mesure où la FSLN était censée promouvoir quelque chose davantage, la FSLN prouve quand même les faiblesses des approches pluralistes dans un monde dominé par l'impérialisme. La FSLN a lutté selon les règles du jeu pluraliste et a échoué. À la fin l'héritage de la FSLN dans la lutte contre l'oppression est plus petit que celui de l'Albanie, autre petit pays agricole avec une population de 3 millions. Le Nicaragua semble être plus « lourd » à l'avis de nombreuses personnes trompées, mais en réalité la révolution en Albanie est allée plus loin. Si la FSLN aura la réussite dans l'avenir, cela va dépendre de son vouloir d'ignorer sa propre rhétorique pluraliste et d'adopter le maoïsme.
Pour conclure, le problème d'O'Brien est son choix de critères pour évaluer le succès. La taille, le pluralisme d'idées et les racines dans la classe ouvrière blanche n'ont pas fait leurs preuves d'être importantes dans la lutte contre l'oppression. Ces critères n'ont pas été pertinents là où on a fait du progrès vers la fin de l'oppression.
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Quelques notes de conclusion pour p.news
Bien qu'ils étaient influencés par Marx, Lénine, Staline et Mao, nous
devons reconnaître Castro et la FSLN au Nicaragua comme « quelque chose à
part ». Dans leurs cas il y a du moins de quoi disputer, à la différence des
cas du trotskisme, de l'anarchisme ou du deleonisme.
Nous pourrions peut-être tenir compte d'un manque de mouvements révolutionnaires dans un seul pays pendant une période de 70 ans. Mais dans une planète entière ? Si nous ne sommes pas des purs dogmatistes ou poètes, le rejet par la planète entière pendant une période de 70 ans devrait nous donner une indication. Malheureusement, la plupart de nos critiques intellectuel-nihilistes ne voient pas cette indication.
Pourquoi ne voient-ils pas l'indication ? Pourquoi les intellectuels font-ils des critiques inutiles du progrès dans le monde réel ? Pourquoi n'essaient-ils pas d'améliorer de l'intérieur les mouvements qui ont réussi ? La raison, c'est qu'ils ont reçu la formation de la classe dirigeante qui leur fait chercher l'acclamation en détruisant des idées intellectuelles. « Créez une lubie intellectuelle et devenez fameux », la bourgeoisie a-t-elle fait penser les intellectuels. Donc les intellectuels veulent détruire ce qui est beau dans le monde réel pour ce qui est beau dans leurs pensées--et là, c'est au mieux. (À propos, les intellectuels rejètent le centralisme démocratique pour les mêmes raisons : ils soutiennent leurs propres idées intellectuelles comme plus importantes que l'unité pratique et la capacité d'attaquer les réactionnaires.)
Nombreux intellectuels et activistes s'opposent consciemment aux buts d'abolir l'oppression de classe, nation et sexe. Certains travaillent professionnellement pour l'aristocratie ouvrière de la nation blanche. C'est un gagne-pain. D'autres sont payés à servir plus directement les intérêtes bourgeois. Donc il n'est pas réaliste de s'attendre à une « unité » de la « gauche ». Nous devons d'abord définir « la gauche », puis nous devons être d'accord sur ce qui est le succès.