Le surprofit obtenu par l'exploitation des colonies est le soutien principal du capitalisme contemporain, et aussi longtemps que celui-ci n'aura pas été privé de cette source de surprofit, ce ne sera facile à la classe ouvrière européenne de renverser l'ordre capitaliste [1] . Grâce à la possibilité d'exploiter largement et intensivement le travail humain et les ressources naturelles des colonies, les nations capitalistes d'Europe s'efforcent, non sans succès, de se remettre de leur banqueroute actuelle. Par l'exploitation des masses dans les colonies, l'impérialisme européen sera en mesure d'offrir à l'aristocratie ouvrière d'Europe une concession après l'autre. Au moment où d'un côté l'impérialisme européen cherche à abaisser le niveau de vie du prolétariat en suscitant la concurrence des marchandises produites par le travail moins cher des ouvriers des pays assujettis, ce même impérialisme européen n'hésitera pas à aller jusqu'à sacrifier la totalité du surprofit gagné dans ses propres pays, à condition qu'il puisse continuer à retirer un énorme surprofit de l'exploitation des colonies.
M.N. Roy, 26 juillet 1920, " "Discours au 2° Congrès de l'I.C."